Pour de nombreux agriculteurs-trices, faire le choix d’exploiter une petite ferme biologique signifie aussi la possibilité de fonder une famille dans un lieu permettant l’accès facile à des aliments frais, à la nature et créant un lien fort avec la terre. Mais il n’est pas toujours facile de concilier famille et agriculture : les deux emplois exigent beaucoup de temps, de soins et une volonté de s’adapter aux imprévus. Lorsqu’il s’agit de trouver un équilibre, prioriser de prendre soin de soi est primordial.
Nous avons parlé à 5 maraîchers-ères ayant des enfants d’âges différents de leurs expériences, de leurs défis et des apprentissages faits le long du chemin. Nous vous invitons à embarquer dans leur parcours d’élever des enfants dans une ferme grâce à cette série de 5 articles.
Prenez soin de soi en premier
Lorsque l’on assume de multiples rôles, il peut être facile de ne pas prendre soin de soi et de s’oublier complètement. Cependant, comme le dit souvent Jean-Martin Fortier, « L’outil le plus important dans la boîte à outils de votre ferme, c’est vous-même ». Il est donc impératif de se prioriser. Si vous n’êtes pas en mesure d’être en bonne santé et heureux de gérer votre ferme, rien d’autre n’aura d’importance. Vous devez vous engager à prendre le temps nécessaire pour reposer votre corps et votre esprit afin d’être un agriculteur-trice et un parent efficace.
Après tout, les enfants se souviendront de ce que vous faites, pas de ce que vous dites. S’ils voient votre travail à la ferme comme une source de joie, ils sont plus susceptibles de ressentir la même chose. S’ils voient votre travail à la ferme comme une source de stress et de douleur ou comme quelque chose qui vous prive du temps que vous passez avec eux, il est probable qu’ils voient la ferme comme quelque chose à éviter ou à rejeter.
Prendre soin de soi n’est pas facile et tous n’ont pas la même vision de ce concept. Pour Ben Street de Street Fare Farm, prendre du temps pour soi signifie s’engager à faire une séance d’entraînement de 45 minutes avant le déjeuner tout au long de la saison agricole. Cette activité physique est une partie importante de sa vie, et elle lui permet de rester connecté à ce qui l’a conduit à l’agriculture en premier lieu. Pour Jessey Njau, de la ferme Zawadi, cela signifie prendre au sérieux son besoin de repos. « L’énergie que j’ai est le carburant de tout ce que je fais », dit-il, « donc le repos et la récupération de cette énergie sont très importants ». Maintenant que ses enfants sont plus âgés, ils comprennent ce besoin et lui laissent le temps de faire une sieste pendant la journée.
S’adapter à un rythme différent
Tous-tes les cultivateurs-trices ont mentionné que l’un des plus grands changements liés au fait d’avoir des enfants était le changement de rythme. Être responsable des besoins des enfants signifie que l’on ne peut plus travailler jusqu’à très tard, ni sauter un repas pour continuer à travailler.
À bien des égards, ce changement d’horaire peut avoir un côté positif. Pour Myrtha Zierock, l’une des plus grandes surprises de la naissance de son fils est qu’elle a arrêté de s’inquiéter pour les petites choses. « Suite à l’arrivée de mon fils, j’ai appris à être beaucoup plus détendue face aux petites erreurs. Avant sa naissance, j’étais tellement plus stressée, j’essayais de tout prévoir et, après, j’ai simplement réalisé que je devais laisser tomber certaines choses ». Cette capacité à laisser de côté les petits détails tout en se concentrant sur la vue d’ensemble peut être une bénédiction. L’idée de « prendre soin de soi en premier » consiste également à laisser tomber les choses qui, au bout du compte, ne changent pas la donne.
Toutes les bonnes choses prennent du temps
Les défis à relever pour être un bon parent et un bon-ne cultivateur-trice peuvent parfois vous laisser un sentiment d’accablement et d’épuisement. Lorsque cela se produit, les gens avec qui nous nous sommes entretenus recommandent de prendre du recul et d’examiner les raisons pour lesquelles vous construisez cette vie pour vous et votre famille. Comme le dit Anna Raines de Rains and Sun Hilltop Farm : « Il y aura toujours des concessions à faire entre la famille et l’agriculture. On a tendance à vouloir faire beaucoup de choses à la ferme, mais vos enfants ne sont jeunes qu’une fois – vous devez réfléchir à ce qui vous importe vraiment. »
Au lieu de penser en termes de liste de tâches hebdomadaires, prenez un moment pour revoir vos rêves pour les 5 à 10 prochaines années. Réfléchissez à ce qui vous motive et à la raison pour laquelle vous avez choisi de vous lancer dans l’agriculture. L’examen de vos valeurs fondamentales peut vous aider à vous rappeler que votre famille et votre ferme ne sont pas en opposition. Elles font toutes deux partie du monde magnifique que vous êtes en train de créer. Cette vision à long terme vous rappelle également qu’il faut prendre le temps de créer des souvenirs et des liens avec vos enfants au stade où ils en sont aujourd’hui. Ces souvenirs avec vos enfants vous habiteront beaucoup plus longtemps que le succès ou l’échec d’une génération de radis.
Une ferme est un endroit merveilleux pour les enfants
Il ne faut pas oublier qu’en élevant vos enfants dans un milieu agricole, vous leur offrez un environnement incroyable pour apprendre. Comme l’a dit Anna Raines : « une ferme est un endroit vraiment formidable pour élever des enfants. Tout ce que vous faites à la ferme est tellement plus concret pour vos enfants qu’un travail de bureau! Ils peuvent être très fiers de ce que vous faites. » Ben Street, de Street Fare Farm, abonde aussi dans le même sens en affirmant que vivre dans une ferme « offre une opportunité unique d’élever une famille. Le lien viscéral avec l’environnement et la terre est une facette qui manque dans beaucoup de sociétés occidentales. Élever une famille dans une ferme permet de renouer avec ce lien. » Se concentrer sur le positif et avoir une vue d’ensemble peut vous aider à mettre en perspective les défis quotidiens. Les soins que vous donnez à vos enfants et à la terre sont des investissements à long terme.
Que vous exploitiez une ferme en plus d’être parent, que vous envisagiez d’avoir des enfants ou que vous envisagiez de faire le saut dans le maraîchage avec votre famille, une chose est claire : vous n’êtes pas seul. Parler à d’autres parents dans votre région peut vous aider à construire votre réseau de soutien. Jessey et Misha de la ferme Zawadi l’ont très bien exprimé : « nous pouvons être des phares les uns pour les autres ». Le partage avec d’autres renforcera votre réseau de soutien dans les moments difficiles et vous apportera joie et connexion dans les bons moments.
Être parent et travailler en agriculture comporte son lot de défis ! Chaque enfant est différent et vous devrez vous adapter à ses besoins spécifiques. Nous avons préparé une série d’articles qui vous aideront à faire face à ces expériences passionnantes.
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