Vous savez, s’il y a une chose que j’ai apprise au fil des ans, c’est que la lutte contre les ravageurs dans les serres est une bataille que l’on gagne avant même qu’elle ne commence. C’est l’essence même de la prévention des ravageurs dans les serres : s’attaquer aux problèmes avant qu’ils ne surviennent afin de pouvoir travailler en toute tranquillité. À mes débuts, j’agissais surtout en réaction. C’était une source constante de frustration, une énorme perte de temps, sans parler du coût financier. Avez-vous déjà perdu une culture à cause des ravageurs ? Ça fait mal. Mais avec le temps, après de nombreux essais et erreurs (et quelques leçons durement apprises), j’ai découvert une approche bien meilleure, une approche proactive qui vise à empêcher ces infestations de s’installer.
Et c’est ce que je souhaite partager avec vous. Si vous rêvez d’une serre florissante et relativement exempte de ravageurs (car soyons réalistes, une serre totalement exempte de ravageurs est un défi difficile à relever !), vous avez besoin d’un plan solide. Passons donc en revue ensemble ce plan d’action. Dans ce guide de prévention des ravageurs dans les serres, nous vous expliquerons comment identifier les risques, prévenir les infestations et protéger vos précieuses cultures tout au long de la saison.
Étape 1 de la prévention des ravageurs dans les serres: concevoir votre serre pour éloigner les ravageurs
On pense naturellement qu’une serre est un havre de paix pour les plantes. Mais sans quelques mesures de construction très intelligentes, une serre peut rapidement se transformer en un environnement idéal pour les ravageurs. Je l’ai constaté par moi-même.
Contrôlez les points d’entrée
La prévention des insectes nuisibles en serre commence dès la conception de l’espace de culture.
- Colmatez les fissures : les insectes peuvent être très petits et se faufiler dans les plus petits interstices. Pour mieux prévenir les ravageurs dans votre serre, veillez à les colmater.
- Utilisez des moustiquaires : vous devez en installer sur vos portes, vos ouvrants et vos ventilateurs. À mon avis, il ne faut pas faire de compromis sur ce point.
- Changer de vêtements : cela peut sembler excessif, mais les insectes peuvent se retrouver à l’intérieur sur vos vêtements ou votre équipement. En ayant des vêtements propres vous éviter d’introduire involontairement des ravageurs à l’intérieur de la serre.
Circulation de l’air et humidité
- Beaucoup de ventilation : l’air vicié est très apprécié des ravageurs. Les thrips et les aleurodes y sont particulièrement attirés. Pour mieux prévenir les ravageurs dans votre serre, veillez à avoir une bonne circulation de l’air.
- Surveillez le taux d’humidité : les tétranyques envahiront votre serre s’il y a peu d’humidité ; trop d’humidité favorisera l’apparition de mouches du terreau. Ajuster l’humidité est une mesure clé dans la prévention des insectes nuisibles en serre, car certaines espèces prolifèrent en milieu trop sec ou trop humide.
- Utilisez des ventilateurs de recirculation (HAF – Horizontal AirFlow) : ils sont efficaces pour dissuader les insectes volants et renforcer vos plantes.
Maintenir un bon niveau d’humidité dans la serre est une stratégie de phytoprotection essentielle!
La propreté avant tout
- Nettoyez les débris dans la serre : ramassez les feuilles dès qu’elles tombent au sol, car elles attirent les ravageurs, tout comme les autres débris végétaux.
- Maintenez la propreté : nettoyez vos outils et votre plan de travail après chaque utilisation ou entre deux semis.
- Réfléchissez avant de ranger : l’entreposage d’objets tels que de vieux pots ou du terreau est une invitation pour les ravageurs. Ils sont susceptibles de transporter des œufs.
Acclimater vos plants: L’une des mesures de prévention les plus importantes dans une serre est de toujours mettre en place une zone de quarantaine pour les nouvelles plantes. Vérifiez et revérifiez ces nouvelles plantes avant de les laisser entrer en contact avec vos plants qui sont déjà dans la serre.
Ce type de précaution est essentiel à la prévention des insectes nuisibles en serre, car les contaminations croisées sont fréquentes.
Étape 2 de la prévention des ravageurs dans les serres : développez des habitudes de surveillance
D’après mon expérience, la plupart des problèmes de ravageurs dans les serres commencent modestement, avec seulement quelques individus. Vos chances de les vaincre sont beaucoup plus grandes si vous réagissez rapidement dès que vous les repérez.
Passons en revue les principales mesures de prévention des ravageurs que vous devriez prendre dans votre serre :
Dépistage quotidien des cultures
- Inspectez le dessous des feuilles : inspectez le dessous des feuilles à la recherche de colonies d’œufs et d’insectes minuscules.
- Soyez attentif à tous les signes précurseurs : jaunissement, enroulement, trous ou toiles pouvant signifier qu’il y a une infestation.
- Étudiez le comportement des plantes et recherchez tout signe anormal, comme un retard de croissance des nouvelles pousses ou une fermeture prématurée des fleurs. Il y a certainement un problème. Examinez-le. Dotez vous d’une loupe à dépistage pour faciliter votre inspection.
Pièges collants : votre alarme de détection précoce
- Pièges jaunes utilisés pour la plupart des ravageurs: les pucerons, les aleurodes et les thrips se repèrent facilement car ils sont attirés par les pièges collants jaunes.
- Pièges bleus utilisés pour les thrips : les thrips sont attirés par les bâtonnets bleus. Ayez-en un bon nombre à disposition.
- Pièges blancs utilisés pour les punaises ternes : même chose, assurez-vous d’avoir également quelques pièges blancs.
Conseil pratique : laissez un peu d’espace au sol de la serre et placez les pièges à hauteur des plantes. Ceux-ci doivent être installés près du plus grand nombre possible de points d’entrée. Vérifiez toujours les pièges tôt et souvent
Ces mesures s’intègrent dans une approche de phytoprotection globale, qui mise sur la prévention plutôt que sur des traitements une fois les ravageurs installés.
Étape 3 de la prévention des ravageurs en serre : connaissez vos ravageurs !
Comme les ravageurs de serre surprennent beaucoup d’entre nous, nous devons chercher à exploiter leurs faiblesses. Voici quelques conseils :
Qu’est-ce que les pucerons et quels dommages causent-ils ?
Les pucerons semblent être le principal problème dans les serres en raison de leur nombre et de leur ténacité. Ces insectes ravageurs prolifèrent rapidement et s’attaquent à toutes sortes de plantes.Ces petits insectes au corps mou sucent la sève des plants pour se nourrir de leur sève. Ils affaiblissent considérablement les plantes, ce qui les rend susceptibles aux maladies. L’autre problème est qu’ils se reproduisent très rapidement : il suffit d’un ou deux pucerons pour qu’ils se multiplient en quelques jours et deviennent un véritable fléau. Ils sécrètent également du miellat, une substance sucrée qui favorise le développement d’un champignon appelé fumagine, ce qui ajoute un stress supplémentaire à la plante.
S’ils ne sont pas contrôlés, les pucerons peuvent retarder la croissance, tandis que les dégâts causés peuvent déformer les feuilles et transmettre plusieurs virus aux plantes.
Ma stratégie principale consiste à introduire des coccinelles dès le début de la saison, car elles se nourrissent de pucerons.
Pour en savoir plus sur la façon dont je lutte contre les pucerons, lisez cet article de blogue que j’ai écrit sur ces insectes nuisibles !
Qu’est-ce que les aleurodes et quels dommages causent-elles ?
Les aleurodes font partie des cibles principales de la prévention des insectes nuisibles en serre, car leur propagation peut être fulgurante. Les aleurodes apprécient particulièrement les serres chaudes et calmes, qui constituent leur refuge idéal. Ces petits insectes à ailes blanches s’agglutinent sur la face inférieure des feuilles pour se nourrir de sève, affaiblissant ainsi les plantes touchées. Tout comme les pucerons, leur culture de miellat favorise le développement de fumagine, ce qui aggrave encore l’état des plantes victimes.
La principale menace que représentent ces ravageurs blancs est leur capacité à propager des virus nuisibles tels que le virus des feuilles jaunes en cuillère (TYLCV). Les aleurodes se dispersent rapidement et confèrent une résistance aux traitements, contribuant ainsi à l’échec des mesures de lutte contre les aleurodes.
Voici ce que je fais : je commence par installer des pièges collants jaunes, qui sont très efficaces pour surveiller la population et vous alerter rapidement. Je libère également des guêpes parasitoïdes Encarsia formosa dès que j’aperçois des aleurodes. Elles sont minuscules, mais très efficaces.
Qu’est-ce que les chrysomèles rayées du concombre et quels dommages causent-elles ?
Les chrysomèles rayées du concombre s’attaquent aux concombres, aux courges et aux melons. Au lieu de simplement grignoter et attaquer la surface, elles s’attaquent à toutes les parties de la plante à tous les stades de son développement. Ces coléoptères font des trous dans toutes les feuilles et les fleurs avant que les jeunes larves ne s’enfouissent dans les racines, causant un stress supplémentaire. Le pire ? Elles transmettent la flétrissure bactérienne, une maladie redoutable qui détruit complètement vos cucurbitacées une fois qu’ils sont touchés. La chrysomèle cause de graves dégâts même en petit nombre, ce qui implique la nécessité de prévenir leur apparition.
Ma principale méthode de lutte : je recouvre les jeunes plants d’un filet anti-insecte dès l’implantation en sol, avant qu’ils ne commencent à fleurir et aient besoin d’être pollinisés. Je fais également la rotation de mes cultures de concombres en serre afin de ne pas les cultiver deux années de suite dans la même serre. Je préfère alterner entre les trois serres dont nous disposons à la ferme.
Qu’est-ce que les tétranyques et quels dommages causent-ils ?
Les acariens sont incroyablement petits, presque microscopiques, mais les dégâts qu’ils causent sont très visibles. Ces ravageurs adorent les conditions chaudes et sèches d’une serre et sucent le contenu des cellules des plantes, laissant de petites taches jaunâtres ou blanchâtres sur les feuilles. S’ils sont nombreux, ils tissent de fines toiles sur la face inférieure des feuilles, ce qui entraîne leur dessèchement et leur chute. Leur taux de reproduction élevé rend difficile l’éradication d’une population établie.
Ma stratégie principale consiste à installer des brumisateurs dans ma serre et, à l’aide d’une minuterie, à brumiser la serre plusieurs fois par jour, voire toutes les heures, afin de maintenir l’humidité au-dessus de 50 %. C’est le meilleur moyen que j’ai trouvé pour lutter contre les tétranyques.
Qu’est-ce que les thrips et quels dommages causent-ils ?
Les thrips sont de minuscules insectes qui percent les tissus végétaux et consomment la sève des cellules. Leur alimentation provoque l’apparition de stries argentées et le jaunissement des feuilles. La déformation des feuilles, des fleurs et des fruits mentionnées ci-dessus apparaissent alors. Ce stress (déformation physique des parties de la plante) et la capacité de l’insecte à transmettre des virus aux végétaux (en particulier le virus des taches bronzées de la tomate) sont les caractéristiques des thrips. Cependant, la subtilité des thrips réside dans le fait que ce sont des insectes ravageurs difficiles à contrôler une fois installés, ils sont inaccessibles et s’enfoncent profondément dans la fleur et les nouvelles pousses, rendant leur contrôle pratiquement impossible.
Mon outil de prévention des ravageurs dans la serre : utilisez des pièges collants dès que vous les apercevez et introduisez Amblyseius cucumeris (acarien prédateur). Ces acariens mangent les larves de thrips avant qu’elles n’atteignent l’âge adulte. Si vous n’utilisez qu’un seul prédateur, c’est celui que je recommande.
Qu’est-ce que les punaises ternes et quels dommages causent-elles ?
Les punaises ternes sont bien connues pour les dégâts qu’elles causent lorsqu’elles se nourrissent. Ces insectes ravageurs bruns tachetés injectent une toxine dans les tissus végétaux pendant qu’ils se nourrissent, provoquant des déformations des feuilles et des fruits. Les feuilles se dessèchent, puis certains fruits se déforment sous l’effet des punaises, ce qui leur donne l’aspect cicatrisé et bosselé . Ils se nourrissent également des fleurs en croissance, les faisant tomber, et continuent à proliférer car ils sont relativement rapides et mobiles ; ils doivent donc être détectés tôt et éliminés.
Ma stratégie de protection consiste à utiliser la technique du « claquement de plantes » pour les détecter tôt et, si une infestation se profile, pulvérisez un produit à base de pyréthrine. Cela permet de les éliminer rapidement, mais il doit être utilisé avec parcimonie et à titre préventif.
La prévention avant tout!
Vous pouvez pratiquement vous passer de pesticides pour garder votre serre aussi propre que votre maison. C’est possible. Comment ?
La clé réside dans la prévention, une détection rapide est tout aussi cruciale, et des mesures sélectives doivent être prises rapidement en fonction des besoins.
Oui, ce sont toutes des tâches fastidieuses, mais elles sont récompensées par moins de maladies, un meilleur rendement et une plus grande tranquillité d’esprit. L’un des meilleurs moyens d’y parvenir est de suivre des mesures rigoureuses de prévention des insectes nuisibles en serre. En intégrant des routines de phytoprotection bien pensées, vous améliorez la résilience de votre serre et limitez l’impact des ravageurs sur vos cultures.
En appliquant rigoureusement ces principes, vous maximisez vos chances de succès dans la prévention des ravageurs en serre, tout en cultivant dans un environnement plus sain.
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