Ouvrir ses jardins est toujours une étape importante de la mise en place d’une microferme. Pour ce faire, l’agriculture biologique dispose de différentes approches. Chacune d’entre elles est constituée de plusieurs étapes, ce qui peut créer de la confusion.
De plus en plus de personnes suivent l’idée de la permaculture. Celle-ci propose que le sol doit être travaillé le moins possible pour assurer la pérennité de sa fertilité. Est-ce que cette méthode devrait également être appliquée pour ouvrir de nouveaux jardins? Comme dans beaucoup de cas en agriculture, le contexte est à prendre en compte pour bien choisir son approche.
Avant d’ouvrir ses jardins
Peu importe la méthode que vous choisissez pour ouvrir vos jardins, il faut d’abord s’intéresser au sol. Omettre cette étape peut avoir de grands impacts à court et long terme. Vous risquez d’obtenir des rendements sous optimaux, de retarder l’entrée au champ à chaque début de saison et de perdre beaucoup d’énergie et de ressources.
Faites d’abord une analyse de sol auprès d’un laboratoire environnemental. Vous aurez des informations pertinentes comme sa texture, ses éléments nutritifs manquants et sa réactivité (pH). Ensuite, creuser des profils de sol en faisant des trous d’au moins 60 cm (2 pi) de profondeur. Les profils permettent d’évaluer, entre autres, la hauteur de la nappe phréatique et le niveau de compaction du sol.
S’intéresser au sol avant d’ouvrir ses jardins permet de savoir si le sol draine bien, s’il doit être décompacté ou corrigé. S’il ne draine pas bien, il faudra considérer d’effectuer des travaux de drainage et de créer des fossés (ou d’approfondir ceux existants). S’il est compacté en profondeur, vous devriez considérer un sous-solage. Demandez aux fermes mécanisées près de votre ferme, ils détiennent parfois les équipements et l’expertise nécessaire pour effectuer un sous-solage.
Ouvrir ses jardins sans outils motorisés
Lorsque le sol est déjà en bonne santé, qu’il n’est pas compacté et que vous bénéficiez d’assez de temps, vous pouvez ouvrir vos jardins sans avoir recours à des outils motorisés.
La méthode est simple. Il suffit de tondre le couvert végétal et de bâcher quelques mois à l’avance (voire même une année, selon le type de couvert). À noter, qu’il peut être nécessaire d’ouvrir les bâches de temps à autre lorsqu’il pleut afin de favoriser la décomposition du couvert végétal. Une fois qu’il est entièrement détruit, enlevez la bâche, amendez le sol et passez une grelinette sur les planches.
Il est également possible de se rapprocher de la permaculture en remplaçant les bâches par de grandes quantités de paillis organiques. Vous pouvez utiliser la paille, des feuilles mortes, des copeaux de bois ou du carton. Une autre méthode est d’utiliser des animaux pour travailler la surface du sol. Les cochons font un bon travail à cet égard. En renversant la végétation avec leur groin, ils accèdent aux racines qu’ils mangent. Ces options ont l’avantage d’ajouter de la matière organique au sol par le fumier des animaux ou la décomposition des paillis organiques.
Si vous disposez de temps et que vous planifiez à l’avance, ces options sont intéressantes. Selon votre choix, vous pourrez diminuer la charge de travail et les coûts en plus de conserver et améliorer l’état du sol.
Ouvrir ses jardins avec des outils motorisés
Bien souvent, le sol que l’on s’apprête à cultiver est pauvre et compacté. La réalité d’un démarrage de ferme oblige parfois à ouvrir les jardins dans de brefs délais. Le travail mécanique devient une option particulièrement intéressante pour être en mesure de planter des cultures ou pour augmenter rapidement la productivité d’un sol. Ameublir le sol par un labourage initial permet l’infiltration de l’air et de l’eau nécessaire à l’établissement rapide des microorganismes et des racines. Limitez au maximum la perturbation du sol aussitôt que la production est entamée. La vie pourra y élire domicile et l’application de bonnes pratiques culturales continuera d’améliorer sa fertilité. Ainsi, sa productivité sera bonne dès le départ. Le labour initial peut être fait au tracteur ou à l’aide d’un motoculteur.
Le tracteur
Le tracteur permet l’utilisation d’une sous-soleuse qui décompacte le sol jusqu’à une profondeur de 75 cm (30 po) avec ses longues dents (les étançons). Ensuite, utilisez une charrue pour détruire le couvert végétal. Une semaine plus tard, vous pouvez ajouter les amendements. Par la suite, passez une herse rotative 2 à 3 fois pour égaliser le tout. Il ne restera plus qu’à façonner les planches permanentes.
Le motoculteur
Si vous disposez d’un d’un motoculteur pour travailler le sol, privilégiez la charrue rotative. Commencez par tondre la végétation avec une tondeuse à fléaux, puis installez une bâche pendant deux semaines. Il suffit de tuer la végétation et non de la décomposer. Une fois la bâche enlevée, c’est au tour de la charrue rotative de faire son œuvre. Faites une tranchée assez profonde au centre de votre bloc de jardin en faisant deux allers-retours au même emplacement. Par la suite, passez l’outil en envoyant la terre vers le centre du bloc. À force de faire des allers-retours de chaque côté de la tranchée initiale, vous vous éloignerez de plus en plus du centre jusqu’à arriver aux abords du bloc de jardin. Il est d’ailleurs possible de labourer une deuxième fois si la profondeur du premier passage n’est pas satisfaisante.
Façonner les planches permanentes
Lorsque le sol est travaillé et le couvert végétal détruit, il est temps de façonner les planches permanentes. La surélévation des planches est utilisée dans les climats où l’on veut réchauffer et drainer le sol plus rapidement au printemps. Si vous habitez dans un climat très chaud et sec, il peut être préférable de ne pas surélever les planches. Si vous décidez de le faire, voici quelques options d’outils pouvant vous aider à réaliser ce chantier.
Une charrue rotative montée sur un motoculteur peut façonner aisément les planches en faisant un aller-retour au niveau de chaque allée. Une autre option est de louer une mini pelle mécanique. Il s’agit de mettre la terre des allées sur la planche à l’aide d’un godet de 46 cm (18 po). Les chenillettes de la pelle mécanique sont placées dans les allées et le travail se fait à reculons au fur et à mesure que la planche est construite. Une autre option est d’utiliser une pelle manuelle, mais le travail sera beaucoup plus long et pénible.
Si vous suivez toutes ces étapes, vous pouvez par la suite commencer à planter vos cultures ! Et n’oubliez pas que vos pratiques culturales dicteront la santé de votre sol pour les années à venir. Nourrissez-le, couvrez-le, maximisez sa biodiversité, et vous le verrez devenir de plus en plus productif, année après année!
Vous aimeriez voir Jean-Martin Fortier appliquer ces techniques? Dans cette vidéo Youtube (disponible en anglais), il teste trois différentes options pour expérimenter les incidences sur la santé du sol.