Quand j’ai commencé en maraîchage, je voulais sortir le maximum de récoltes de chaque planche. Mon objectif était simple : produire, occuper le sol en permanence et retourner les planches le plus souvent possible. Une planche de plus en mesclun ou en roquette semblait toujours préférable à l’idée de laisser le sol se reposer. C’était ma logique à l’époque.
Heureusement, j’étais aussi un élève d’Eliot Coleman, et son livre phare The New Organic Grower était ma référence. Chaque hiver, je le relisais, particulièrement le chapitre sur la fertilité. Eliot, en bon mentor, nous rappelait qu’un véritable système biologique repose avant tout sur la fertilité générée à la ferme, et que les engrais verts sont un outil essentiel pour y parvenir.
J’ai suivi ses conseils et, au fil des années, ma manière de cultiver s’est transformée. Aujourd’hui, après plus de deux décennies passées au champ, je sais à quel point il avait raison. L’expérience m’a appris quels engrais verts sont essentiels à la réussite des cultures.
Alors, quelle est ma réponse à la question: quel est le meilleur engrais vert pour le jardin-maraîcher ? Beaucoup de jardiniers qui cherchent le meilleur engrais vert pour le potager finissent par comprendre que le choix évolue selon la période de l’année. Tout dépend de la saison et du résultat recherché. Voyons cela à travers trois périodes clés : le printemps, l’été et l’automne.
Pour aller plus loin sur le sujet et voir comment les engrais verts s’intègrent concrètement dans un système maraîcher, visionnez cette vidéo de Jean-Martin Fortier avec Pierre-Antoine de chez Ecocert qui présente les bonnes pratiques et les points clés à retenir.
Début de saison : remettre de la fertilité avant les cultures d’été
Au début du printemps, le sol est encore frais et humide. On dispose souvent d’une fenêtre de huit à dix semaines avant la mise en place de certaines cultures d’été, notamment les brassicacées comme le brocoli et le chou-fleur, ou les courgettes de mi-saison, transplantées vers la fin juin ou le début juillet. Ce sont toutes des cultures qu’on qualifie d’exigeantes, c’est-à-dire qu’elles demandent une fertilisation généreuse. Les faire précéder d’un engrais vert intercalaire est alors idéal.
Dans ce contexte, mon choix préféré est un mélange avoine et pois fourrager. Les pois fixent l’azote atmosphérique, offrant un vrai coup de pouce de fertilité pour la culture suivante, tandis que l’avoine apporte du carbone, améliore la structure et stimule la vie microbienne. Les deux lèvent rapidement dans les sols frais et se développent vigoureusement. Ce que j’aime dans ce mélange, c’est la façon dont les pois grimpent sur les tiges d’avoine, formant un couvert dense et équilibré qui protège bien la planche.
Ce mélange constitue souvent le meilleur engrais vert pour le potager au printemps, surtout lorsque la fenêtre de temps est courte. Sa rapidité d’implantation et sa capacité à nourrir le sol en font une option très fiable. Pour celles et ceux qui se demandent vraiment quel est le meilleur engrais vert à cette période, cet ensemble avoine-pois est souvent la réponse.
Ma recette de printemps :
- Avoine – 70 %
- Pois fourrager – 30 %
(Environ un demi-seau de semences par planche de 30 mètres)
Je commence toujours par ameublir le sol à la grelinette, pour ouvrir le profil sans le retourner et favoriser la circulation de l’air et de l’eau. Ensuite, je mélange les semences dans un seau, je les sème à la volée et je les recouvre légèrement avec un râteau.
Si c’est la première fois que vous semez des légumineuses, je vous conseille d’inoculer les graines avec la bonne souche de rhizobium. Ces inoculants, vendus en poudre chez les semenciers, favorisent la fixation de l’azote. Ils doivent être conservés au frais, au sec et à l’abri de la lumière. Ce petit geste améliore sensiblement la vigueur de la culture et la fertilité du sol.
Je laisse pousser l’engrais vert environ huit à dix semaines, jusqu’à ce qu’il atteigne la hauteur du genou, puis je fauche ou incorpore deux à trois semaines avant la plantation suivante. Il ne faut pas le laisser monter en graine, sinon il risque de se ressemer.
Ce type de mélange est l’un des meilleurs engrais verts pour le potager, car il prépare parfaitement le terrain pour les cultures d’été.
Été : boucher les trous et garder le sol vivant
Au cœur de l’été, certaines planches se vident après la récolte des premières cultures (les laitues, épinards, radis) et le sol reste nu, chaud et vulnérable. Plutôt que de le laisser s’épuiser ou se couvrir d’adventices, je sème un engrais vert estival qui adore la chaleur, pousse vite et redonne de la vitalité biologique avant les cultures d’automne.
Ma combinaison préférée : sarrasin, pois fourrager et un peu de sorgho-soudan. Ce trio tire parti de la chaleur estivale tout en protégeant le sol. Le sarrasin germe en quelques jours et, en trois à quatre semaines, forme un tapis fleuri, bourdonnant d’abeilles et d’insectes utiles. C’est une plante qui nous oblige à ralentir et à observer la vie du jardin. Je le fauche avant la montée à graine, sinon il risque de se ressemer. L’ajout de pois fourrager vient ensuite prendre le relais et, surtout, fixer l’azote. J’ajoute au mélange un peu de sorgho-soudan, qui s’enracine profondément, décompacte la planche et laisse une grande quantité de matière organique.
Pendant les semaines les plus chaudes de l’année, ce trio estival est le meilleur engrais vert pour potager, car il offre une croissance rapide, une suppression des mauvaises herbes et une fertilité accrue.
Ma recette d’été :
- Sarrasin – 60 %
- Pois fourrager – 30 %
- Sorgho-soudan – 10 %
(Environ un demi-seau de semences par planche de 30 mètres)
Je procède comme au printemps : ameublir à la grelinette, semer à la volée, puis ratisser légèrement. En six à huit semaines, l’engrais vert atteint sa maturité et peut être fauché avant les semis d’automne (carottes, betteraves ou verdures d’hiver). Simple, rapide et efficace : ce couvert d’été garde le sol vivant pendant la période la plus intense de la saison et en fait l’un des meilleurs engrais verts pour potager.

Automne : protéger le sol et préparer la saison suivante
À l’automne, ma priorité change : il ne s’agit plus de produire, mais de protéger. C’est ici que se pose encore la question : quel est le meilleur engrais vert pour garder le sol couvert, nourrir la microfaune pendant l’hiver et préparer le terrain pour une belle relance au printemps?
Selon le moment du semis, je choisis entre un engrais vert hivernant (qui survit à l’hiver et redémarre au printemps) ou un engrais vert détruit par le gel (qui protège le sol avant de se décomposer).
Quand je sème tard, parfois aussi tard qu’au début de novembre, et que mon principal objectif est de protéger le sol du froid et de l’érosion, j’opte pour un mélange de seigle d’automne et de vesce velue. Ce duo est imbattable pour sa résistance au froid. Il constitue souvent le meilleur engrais vert pour le potager lorsque l’objectif est une couverture fiable tout l’hiver.
Le seigle germe rapidement, couvre bien le sol et maintient une bonne structure, tandis que la vesce s’enroule autour, fixant l’azote et redémarrant dès les premiers redoux. C’est mon choix privilégié quand je veux une couverture fiable et durable, capable de traverser l’hiver et de redémarrer à la belle saison.
Quand je sème un peu plus tôt, disons entre le début et la mi-octobre, et que je veux que l’engrais vert se décompose naturellement au gel, je remplace le seigle par de l’avoine. L’avoine lève vite, produit une belle biomasse, puis meurt au premier grand froid, laissant un paillis léger qui protège le sol et se décompose parfaitement au printemps. J’ajoute toujours un peu de vesce velue pour l’apport d’azote, sans nuire aux semis hâtifs de carottes, d’épinards ou de laitues.
Mes recettes d’automne :
- Engrais vert hivernant : Seigle d’automne – 60 % / Vesce velue – 40 %
- Engrais vert détruit par le gel : Avoine – 70 % / Vesce velue – 30 %
(Environ un demi-seau de semences par planche de 30 mètres)
La méthode est la même : ameublir à la grelinette, semer à la volée, ratisser légèrement. Avec un peu d’humidité, la levée est rapide et le couvert s’installe avant les premiers froids. Qu’il passe l’hiver ou non, le sol restera protégé, enrichi, biologiquement actif et prêt pour une nouvelle saison! Quelle que soit l’option choisie, ces mélanges offrent des solutions robustes et cohérentes pour le meilleur engrais vert pour le potager en fin de saison.
Les meilleurs engrais verts varient selon la saison
Les engrais verts sont un investissement dans la fertilité du sol. Ils protègent, réparent et régénèrent la terre qui nourrit toutes nos récoltes. Avoine et pois au printemps, sarrasin en été, seigle et vesce à l’automne. Chacun de ces choix peut devenir le meilleur engrais vert pour le potager et contribuer à la richesse biologique du jardin selon le moment, le climat et les besoins du sol.
Avec le temps, ces pratiques deviennent la base silencieuse de la productivité: le moteur invisible d’un sol vivant et fertile. Vous découvrirez aussi vous-même quel est le meilleur engrais vert pour votre propre terrain. Et surtout, année après année, réévaluer ce qui constitue le meilleur engrais vert pour le potager permet d’ajuster vos pratiques, de renforcer la santé du sol et de faire évoluer votre système de culture.
Vous souhaitez approfondir vos connaissances sur la fertilité des sols, la rotation des cultures et l’art des cultures de couverture? Découvrez notre formation en ligne, la Masterclass du jardinier-maraîcher, où nous explorons en profondeur les stratégies pour des sols vivants et plus encore!
Ce projet est soutenu par Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Grâce au Fonds d’action à la ferme pour le climat (FAFC), les agriculteurs de tout le pays sont encouragés à adopter des pratiques qui contribuent à stocker le carbone et à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans le cadre de cette initiative, Ecocert Canada travaille avec des fermes certifiées biologiques et en conversion pour mettre en œuvre des approches telles que les cultures de couverture et une meilleure gestion de l’azote, contribuant ainsi à des sols plus sains et à des systèmes agricoles plus résilients.




