Il y a de nombreuses lunes, j’ai rencontré pour la première fois les tétranyques, un ravageur contre lequel je protège mes cultures de concombres depuis ce jour.
C’est drôle, mais même après toutes ces années, je me souviens encore de ce moment comme si c’était hier.
Je n’avais aucune idée de ce qui se passait. C’était un de ces après-midis de juillet étouffants, et je faisais ma tournée habituelle dans le tunnel à concombres. Certaines feuilles avaient un aspect étrange: pâles, un peu croustillantes, comme si elles s’étaient simplement desséchées à cause de la chaleur.
Je me suis dit qu’on avait peut-être sauté un arrosage, ou que les plants étaient juste fatigués de la canicule. Je ne me suis pas trop inquiété.
Deux semaines plus tard, toute la culture était fichue. Chaque plant de concombre était perdu.
C’étaient mes premières années en production sous serre, et j’ai eu la chance d’avoir accès à un bon réseau de soutien. J’ai passé un appel d’urgence, et un de mes mentors est venu jeter un coup d’œil. Il lui a fallu à peine deux minutes pour confirmer ce qu’il soupçonnait déjà: des tétranyques.
Et dès qu’il me les a montrés, j’ai vu les toiles.
Comment repérer et gérer un problème de tétranyques (avant qu’il ne soit trop tard !)
Les tétranyques sont minuscules, à peine visibles à l’œil nu, mais ils causent des dégâts rapidement. La bonne nouvelle? Si vous savez quoi surveiller, vous pouvez repérer les signes assez tôt pour agir.
Les signes d’un problème de tétranyques
- Décoloration des feuilles : Elles peuvent sembler ternes, délavées ou légèrement jaunâtres.
- Petits points ou taches : Ce “mouchetage” est souvent l’un des premiers signes visibles.
- Feuilles sèches et cassantes : On peut facilement confondre ça avec un stress hydrique ou thermique.
- Présence de toiles : Des fils fins et soyeux entre les tiges ou sous les feuilles. Si vous voyez ça, l’infestation est déjà avancée.
- Tétranyques visibles : En regardant sous les feuilles, on peut voir de minuscules points rouges ou bruns se déplacer lentement.
Si vous détectez ces signes rapidement, vous avez encore une chance de maîtriser la situation.
Premières actions : pulvérisations bio et prédateurs naturels
Dès que je repère les premiers signes, j’agis vite. Je commence par une pulvérisation d’huile de neem, qui perturbe la reproduction et ralentit la progression des tétranyques. Ensuite, 4 à 5 jours plus tard, je fais une deuxième pulvérisation, cette fois avec de l’huile horticole, qui s’avère plus efficace sur les infestations établies. Elle étouffe les tétranyques ainsi que leurs œufs.
En parallèle, je commande des insectes bénéfiques, notamment le Phytoseiulus persimilis, un acarien prédateur rapide qui se nourrit exclusivement de tétranyques. Il fonctionne mieux quand la population de ravageurs a déjà été affaiblie par les pulvérisations.
Cette méthode m’a bien servi dans le passé. Mais pour être honnête, cela fait plus de 10 ans que je n’ai plus eu à gérer de problème majeur de tétranyques, car j’ai misé sur une solution encore plus efficace.
La vraie solution : l’humidité
Les tétranyques adorent les environnements chauds et secs. Donc, la meilleure stratégie à long terme est de rendre votre serre inconfortable pour eux.
Il y a des années, un autre maraîcher m’a donné un conseil tout simple qui m’est resté en tête :
« Brumise ta serre plusieurs fois par jour, pas pour arroser les plantes, mais pour créer des conditions que les tétranyques détestent. »
Il avait raison.
Depuis, la gestion de l’humidité est devenue la base de ma stratégie de prévention. Dans nos tunnels à concombres, on utilise des brumisateurs à haute fréquence que l’on fait fonctionner toutes les 30 minutes pendant les journées chaudes, pour maintenir le taux d’humidité au-dessus de 50 %.
Rien que ça, ça change tout.
Franchement, ça fait des années qu’on n’a pas eu de vraie infestation et c’est en grande partie grâce à cette gestion régulière de l’humidité.
Aujourd’hui, c’est devenu ma méthode de prévention numéro un, et c’est ce que je recommande toujours aux autres producteurs. C’est simple, efficace et tellement moins stressant que de devoir lutter contre une infestation déjà installée.
Allez plus loin
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